Le Bonrieu, un torrent autrefois destructeur
Le torrent du Bonrieu, localisé sur la commune de Saint-Jean-de-Maurienne, est un affluent de l’Arvan. Comme bon nombre de torrents de montagne, sa dangerosité réside dans la soudaineté des évènements et leur intensité pouvant être majeure. Le Bonrieu a, par le passé, créé des dommages très importants suite à des crues ou des laves torrentielles d’envergure (ce phénomène est favorisé par la présence de vastes glissements de terrain en amont). Au cours des 2 derniers siècles près de 10 évènements majeurs ont eu lieu sur le torrent du Bonrieu générant des pertes agricoles, matérielles et parfois humaines. Depuis le XVème siècle, la population riveraine du torrent du Bonrieu a cherché à se protéger des aléas générés par le torrent du Bonrieu. Un des éléments déclencheurs fut l’évènement de 1440 durant lequel une lave torrentielle s’est écoulée jusqu’à la cathédrale provoquant la ruine de deux ponts et entrainant la mort d’environ 75 personnes. Malgré la volonté de protéger les populations, le torrent a rythmé la vie du quartier avec des évènements majeurs comme en 1618, où un des ouvrages de protection a cédé, engendrant des débordements rue du Bonrieu et provoquant la ruine de nombreuses habitations. En réponse à l’occurrence des phénomènes, les digues ont été reconstruites. Les évènements devenant plus rares au cours du siècle passé, la mémoire du risque s’est peu à peu perdue conduisant à une urbanisation croissante de la rive gauche du torrent. La dernière lave torrentielle du Bonrieu date de Mars 2001, elle a engendré des débordements sur la route Départementale.
D’importance évolutions morphologiques au cours du temps
Autrefois, les parcelles riveraines étaient essentiellement dédiées à la viticulture, mais l’occupation des sols évoluant, les vignes ont laissé place à des forêts pérennes. Après 1904, l’activité du torrent a diminué, ce qui a favorisé la colonisation de la végétation et donc le resserrement du lit. L’urbanisation croissante a limité les évolutions latérales du lit, conduisant à son enfoncement.
Lit du Bonrieu en amont du pont Stycsinsky en 1904 (ETRM, 2018)
Vue de l'aval au niveau du pont Stycsinsky à différentes époques (ETRM, 2018)
Des travaux de protection aujourd’hui nécessaires
Aujourd’hui, le lit du torrent est trop étroit (notamment en raison des dépôts d’événements passés) et la végétation s’est développée, stabilisant les dépôts en place. Le Bonrieu peut déborder en rive gauche, rendant le quartier des Clapeys vulnérable (en cas d’évènement majeur, la sécurité d’environ 1000 riverains est menacée). En cas de lave torrentielle, de très gros blocs peuvent être transportés (parfois de la taille d’une voiture !). Pour limiter le risque généré par un débordement, il est nécessaire de supprimer tout obstacle ou contrainte à l’écoulement (pile de pont, rupture de pente, réduction de la largeur du lit, etc) et d’avoir suffisamment d’espace pour permettre le dépôt de ces blocs.
Face aux risques causés par le Bonrieu, la Commune de Saint-Jean de Maurienne a décidé de réaliser des travaux d’aménagement du torrent. Initié en 2012 par la commune, le projet définitif a été validé en 2018. Du fait du transfert de la compétence GEMAPI à la 3CMA puis au SPM, le projet a été concrétisé en 2020 sous maîtrise d’ouvrage SPM.
Les travaux avaient pour objectif de diminuer le risque de débordement en rive gauche, vers Saint-Jean-de-Maurienne. Ils ont consisté à déboiser le lit puis à l’élargir sur à une largeur de 20 à 30 m (au lieu de 5 à 10 m avant travaux), par suppression de dépôts anciens situés dans le lit actuel et déblais sur les rives. Les matériaux ont en partie servis à conforter une digue existante et à la prolonger par la création d’un merlon. Plus à l’aval, le torrent a été élargi jusqu’à la confluence avec l’Arvan et des atterrissements présents dans le lit ont été supprimés.
Lit du Bonrieu après les travaux de déboisement (SPM)
Lit du Bonrieu après travaux d'aménagement (SPM)
Une 2ème phase de travaux prévue par le Département et le SPM
Le pont Désogus constitue un obstacle à l’écoulement des laves torrentielles car sa section est restreinte et la pile centrale est très défavorable aux écoulements. D’autre part, la pente du torrent est plus faible, ce qui augmente le risque de débordements. Une 2ème phase de travaux est donc prévue à partir de 2022. Cette dernière comprendra le remplacement du pont Désogus par le Département de la Savoie et des travaux d’aménagement du torrent par le SPM :